Publié le dans la catégorie Actualités, Administration du territoire
En date du 11 août 2022, en commune Gatara de la province Kayanza, le Burundi s’est joint au monde entier pour célébrer la journée internationale de la population sous le thème : « un monde de 8 milliards : vers un avenir résilient pour tous-Exploiter les opportunités et garantir des droits et des choix pour tous ».
La célébration de la journée internationale de la population de cette année est la 33ème édition depuis son instauration par les Nations Unies en 1989. Elle est d’ordinaire célébrée le 11 juillet mais cette année, le gouvernement du Burundi et ses partenaires ont décidé de la célébrer ce 11 août pour des raisons techniques d’organisation.
Les cérémonies de ce jour ont été rehaussées par l’assistant du ministre de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique, Col Pol Nyandwi Datus. Dans son mot de circonstance, il a indiqué que le thème choisi pour cette année correspond bien à la situation du moment du fait que les prévisions statistiques montrent qu’au mois de novembre 2022 la population mondiale atteindra 8 milliards. C’est une bonne occasion pour tous les pays de prendre au sérieux les questions de population car elles sont liées avec le développement.
Il a rappelé que ce thème correspond bien au programme du gouvernement laborieux et responsable qui a fait du développement son cheval de bataille à travers ses grands projets visant à atteindre la vision selon laquelle toute bouche doit avoir à manger et chaque poche de l’argent. Cependant, à voir la situation actuelle d’évolution démographique, il y a la crainte que cette vision ne puisse être réalisée du fait que les bouches qui consomment sont plus nombreux par rapport aux bras qui produisent pour cause de l’accroissement de la population qui ne tient pas compte des ressources disponibles, a-t-il ajouté.
En effet, au moment de l’accession à l’indépendance en 1962, le Burundi avait 2.900.000 habitants. 17 ans plus tard, le premier recensement général de la population de 1979 a révélé que la population n’a cessé de croitre car elle était de 4.028.000 habitants. Avec le deuxième recensement de 1990, elle était passée à 5.293.000 habitants, et en 2008 avec le troisième elle était de 8.054.000. Aujourd’hui, sur la même superficie, la population burundaise est estimée à 12.828.000 et pourrait atteindre 14.900.000 en 2030 selon les estimations de l’institut des statistiques et études économiques du Burundi.
Selon Col Pol Nyandwi Datus, le choix de la commune Gatara pour abriter les cérémonies de célébration de la dite journée n’est pas anodin. Cette commune et la province Kayanza ont toujours occupé la première place en termes de densité lors des recensements organisés dans notre pays. Cependant, le message du jour ne regardait pas seulement la population de Kayanza et Gatara mais aussi toute la population burundaise.
Il a rappelé que les effets d’une démographie galopante sont nombreux et sont visibles dans tous les secteurs de la vie du pays comme l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement, la justice ainsi que l’agriculture et l’élevage. Néanmoins, comme le thème de cette l’année le dit, la démographie ne devrait pas constituer un fardeau mais plutôt un tremplin pour le développement, et cela devrait passer par deux voies : travailler assidûment pour que les burundais aient une production satisfaisante et du surplus à exporter, et encore maitriser la démographie dans un proche avenir pour qu’il y ait adéquation entre nos besoins et la production. Trouver une solution aux questions de démographie est donc le moyen sûr vers la paix et le développement.
Le Burundi doit donc s’associer aux autres nations du monde pour que ses 12 millions d’habitants ne soient un problème mais plutôt un capital de développement. Pour y arriver, des résolutions doivent être prise dans les familles. Ainsi, les burundais doivent couper court avec le concubinage, éviter les grossesses non désirées et les mariages précoces, mais aussi choisir les méthodes de limitation de naissances convenables suivant les coutumes et traditions de chaque personne ainsi que leurs croyances.
Col Pol Nyandwi Datus a fait savoir que le gouvernement est entrain d’élaborer une politique nationale de la population dans l’optique de préparer un meilleur avenir pour sa population, laquelle politique montrera les attitudes et comportements responsables à adopter pour atteindre le développement.
Ces cérémonies ont également vu la participation de monsieur Richmond TIEMOKO, représentant résident du FNUAP au Burundi. Dans son allocution, il a fait savoir que le fait que cette année la population mondiale atteindra 8 milliards et celle burundaise 13 millions d’âme est une étape à célébrer car cela est le résultat des progrès réalisés dans le domaine des soins de santé. En effet, la mortalité infantile et maternelle a diminué et les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé. Toutefois, il a ajouté que c’est aussi un moment de réflexion, un moment pour tous les pays de faire le point et de passer à l’action, quelle que soit l’orientation de leur croissance démographique, car l’histoire nous a montré ce qui peut arriver lorsqu’on traite le concept de « population » comme plus important que les personnes elles-mêmes.
Il a rappelé que se concentrer uniquement sur les chiffres de la population et les taux de croissance conduit souvent à des mesures coercitives et contre-productives et à la dégradation des droits de l’homme, par exemple en forçant les femmes à avoir des enfants ou en les empêchant de le faire. Cela peut aggraver des inégalités déjà aiguës, par exemple par le biais de politiques fermant les soins de santé reproductive ou refusant des pensions adéquates aux personnes âgées, marginalisant davantage les plus démunis.
L’histoire de la population est bien plus riche et plus nuancée qu’un seul chiffre ne peut en rendre compte. Il y a peut-être plus de personnes dans le monde aujourd’hui, mais la diversité démographique sans précédent que nous observons au sein de la population mondiale est tout aussi importante. Un nombre croissant de pays sont confrontés au vieillissement de la population, et environ les deux tiers de la population mondiale vivent désormais dans un pays ou une région où la fécondité est inférieure au seuil de remplacement, soit moins de 2.1 naissances par femme. D’autres ont des populations jeunes et croissantes. Et de plus en plus de personnes se déplacent, soit par choix, soit motivées par des crises allant du conflit au changement climatique. Comprendre ces changements est essentiel pour exploiter les opportunités et atténuer les inconvénients potentiels.
Les personnes sont la solution, pas le problème, a-t-il martelé. Le gouvernement du Burundi a déjà adopté cette approche en élaborant une politique nationale de population centrée sur la parenté responsable et qui plaide pour mesurer et anticiper les changements démographique. I il a par-là rappelé le message de la directrice exécutive du FNUAP, Dr Natala Kanem par laquelle elle interpelle que « chaque pays devrait disposer des informations dont il a besoin pour répondre aux besoins de divers groupes de population et veiller à ce que les individus puissent réaliser leur plein potentiel. Lorsque les gens ont le pouvoir de faire des choix éclairés quant à savoir si et quand avoir des enfants, quand ils peuvent exercer leurs droits et responsabilités, ils peuvent gérer les risques et devenir le fondement de sociétés plus inclusive, adaptables et durables ».
Il a rappelé que l’atteinte de la résilience démographique commence par un engagement à compter non seulement le nombre de personnes, mais aussi les opportunités de progrès et les obstacles qui se dressent sur son chemin. Cela appelle à transformer les normes discriminatoires qui freinent les individus et les sociétés. Cela conduit à des économies qui profitent à tous et non à quelques-uns, et à une utilisation équitable des ressources afin de pouvoir atténuer les risques et répondre aux besoins des générations actuelles et futures.
Richmond TIEMOKO a terminé son propos par les mots engageants de la directrice exécutive de l’UNFPA qui rappelle que « Nous sommes chacun bien plus qu’un nombre, comme l’est la famille humaine. Les chiffres comptent, mais comptons soigneusement. Un monde résilient de 8 milliards, un monde qui défend les droits et les choix individuels, offre des possibilités infinies-des possibilités pour les personnes, les sociétés et notre planète pour s’épanouir et prospérer ».
Signalons que les cérémonies de célébration de cette journée ont été clôturées par la remise d’un don de 2000tôles à 100 familles parmi lesquelles 30 sont de la communauté batwa. Un kit de matériels a également été octroyé à des femmes et filles vulnérables.
Capt Pol Ndayisaba Corneille